La photo ci-dessous laisse planer un certain mystère. Prise après le décès de Lucie Cavrois-Vanoutryve, en 1986, elle comporte plusieurs particularités.
L'une des plus étonnantes est le reflet d'un personnage dans un miroir de cette salle de bains parentale. Il s'agit manifestement d'un homme, apparemment âgé de la quarantaine. On pense qu'il s'agit de Pierre Joly qui accompagnait Véra Cardot lors des prises de vues.
D'autres clichés pris probablement lors de la même séance de photographies se trouvent dans le fonds Cardot / Joly de la bibliothèque Kandinski du Centre Pompidou de Paris. Voici les conclusions de Guy Selosse :
Ces photos ont donc été prises après le décès de Madame Cavrois, alors que la Villa devait se trouver vide d'habitant mais encore meublée et intacte. Ce qui explique qu'il n'y a pas de trace de vie, les flacons sont vides, rien ne traîne, tout a eu le temps d'être bien rangé. De même les volets sont fermés parce que la Villa (du moins la salle de bain) n'est plus utilisée.
L'absence du haut-parleur de la TSF et de la pendule (certainement aussi du baromètre) s'explique par le fait que ces dispositifs étaient sans doute hors service depuis longtemps, vétustes et complètement obsolètes. Ils avaient certainement été retirés et leur emplacement bouché lors d'une remise en peinture de cette pièce.
De même le pèse-personne ne devait plus fonctionner et son cadran désormais inutile a été retiré et masqué par un cache pour ne pas nuire à l'esthétique de la pièce (le cache affleure bien le marbre et ne fait pas saillie, donc le cadran a été ôté). L'actuel cadran est un leurre factice, d'ailleurs il ne bouge pas.
Quant au "valet", le vrai nom du "sèche-peignoir" électrique, je pense bien qu'il n'a d'électrique que le nom. Ce genre d'appareil électrique ne se rencontrait plus en 1986 et là aussi, il est probable que si un tel objet ait existé, il n'ait pu traverser le temps et qu'on l'aurait certainement, vu son originalité, retrouvé dans le mobilier vendu.
Le personnage fantomatique qui apparaît dans le miroir est très vraisemblablement Pierre Joly, celui-ci ne remonte pas une persienne mais semble inspecter de près un placard. On retrouve sa silhouette dans la porte de la douche sur d'autres photos, ainsi qu'avec une attitude un peu différente (il nous regarde) dans une des photos ci-dessous.
De même, sur cette autre photo (ci-dessous), cette fois ce n'est plus un homme mais une femme, probablement Véra Cardot, qui est visible dans le miroir. Elle semble bricoler au même endroit à des objets déposés là sur la tablette, comme d'autres flacons.
Une des photos montre une petite colonne à côté de la porte de la douche. Il doit s'agir d'une petite stèle sur laquelle était placé un objet décoratif (un flacon, une statuette, un vase ?). Sur une autre photo prise quelques instants plus tard, la colonne n'y est plus. Les photographes l'ont sans doute déplacée ou retirée, jugeant l'objet anachronique ou disgracieux sur leurs photos. Les flacons semblent utilisés comme éléments décoratifs pour meubler les photos, en effet leur place n'est pas constante, ils bougent. Par contre la brosse à cheveux sur la tablette basse est toujours au même endroit.
Techniquement, les photos ont été prises sans doute en pause, avec l'appareil sur pied (pas d'éclair de flash, les persiennes sont fermées donc peu de lumière). L'axe est constant d'une vue à l'autre. C'est de la belle photo professionnelle d'illustration à effet recherché et non pas de l'instantanée capturée au passage comme pour les visiteurs actuels. L'une des photos montre même, outre l'homme dans le miroir, la main d'une seconde personne, un loupé…
Ce n'est pas la plus belle vue mais elle est démonstrative. Ils étaient donc bien au moins deux à opérer.
Initialement ces photos sont en couleur. Les épreuves en noir et blanc ont été retirées ainsi pour accentuer l'effet artistique dans certaines publications, à moins qu'il ne s'agisse très souvent sur les blogs, de scans en basse définition de revues elles-mêmes en noir et blanc. Cette série de photos a été faite dans la foulée, le même jour, au cours d'une visite sans doute exceptionnelle, dans le but certainement d'immortaliser le chef d'œuvre avant qu'il ne soit mis en vente ou qu'on en disperse le mobilier.